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On était dimanche et c'était le jour de la course de Châteaumeillant.


Je sentais au creux de l'estomac la sensation étrange que j'éprouvais chaque dimanche en pareille circonstance.


Chaque réveil au matin d'une course nouvelle m’apportait ce degré d'émotivité.


Le trac commençait son œuvre. Cette pince invisible qui me serrait délicatement encore les entrailles, accentuerait progressivement sa pression jusqu'à devenir presque douloureuse.


Je baignais dans cette atmosphère embrumée jusqu’au circuit.


Je retirai mon dossard, le numéro 24.

Me porterait-il bonheur? A chaque course j'attachais une importance particulière au numéro de mon dossard. En additionnant les deux chiffres le composant, j'essayais d'y voir le signe prémonitoire de mon classement final. Jamais cette opération ne s'était révélée exacte, mais je persistais en chaque circonstance à additionner, voire soustraire –comme cela m'arrangeait le mieux- les chiffres que le sort m'octroyait. A l'arrivée je ne pensais même plus à comparer la place obtenue avec la combinaison échafaudée plus tôt. A vrai dire c'était une manie, un moyen de m'occuper l'esprit en attendant le départ.


Avant l'échauffement je me mis en devoir, une dernière fois, d'inspecter mon vélo. C'était là encore une manie dont je n'arrivais pas, ou ne voulais pas me débarrasser. Elle faisait partie du climat, du halo entourant mon jardin secret.


Je savourais particulièrement la dernière demi-heure précédant le départ. Je me sentais alors investi par un curieux mélange de calme et de fébrilité. Ces deux sensations opposées et réunies en même temps me transportaient dans un monde unique, irréel et vivace en même temps.


Départ dans trente minutes messieurs les coureurs, préparez-vous.


Préparez-vous, préparez-vous, il en a de bonnes le Claude. Depuis l'arrivée de la course de Beddes, le dimanche précédent, j'étais prêt. Prêt à prendre ma revanche ; sur moi-même, sur les autres coureurs du peloton, sur la société toute entière. Aujourd'hui j'allais exorciser ma rage retenue.


Allons, je commençais à débloquer. A vrai dire je ne me battais pas vraiment pour cela, mais y penser m'aiderait certainement tout à l'heure à justifier la poursuite de mon calvaire.


Je fis un dernier tour d'échauffement sur le circuit afin de me le remémorer, mais aussi et surtout, pour éviter que la tension à laquelle je me soumettais délicieusement, ne dépasse les limites du contrôlable.


Ce circuit me convenait. Le profil accidenté favorisait  mon tempérament de bagarreur. La bosse du Chêne me semblait l'endroit idéal pour lâcher le peloton. Dès le début de la course j'attaquerais en plein milieu et la meute de mes poursuivants s'échelonnerait tout au long de la montée. Au sommet il suffirait de maintenir la pression pour éviter le regroupement.


Si j'échafaudais facilement la théorie, la pratique fut contrariée…. par mes adversaires.

Ceux-ci animés apparemment par les mêmes intentions batailleuses que moi, semblèrent adopter la même tactique et pendant les premiers tours de circuit la bosse fut avalée à une vitesse époustouflante.


Bien que contrarié, je n'en fus pas surpris. Rien ne ressemble plus à la première heure d'une course que la première heure d'une autre course. Les concurrents se ruent sur le circuit tentant de s'approprier "la" meilleure place et s'évertuent ensuite à ne plus la quitter. De cette prise de contact souvent précipitée, dépend parfois le résultat final. Il peut arriver qu'être mal placé dans les premiers tours de circuit  vous fait rater la bonne échappée et il ne reste plus alors qu'à chasser comme un forcené pour espérer revenir sur les fuyards.


A la mi-course, la cadence diminua subitement ; une coupure brutale, soudaine, comme il en arrive souvent lorsqu’aucun coureur n'a réussi à imposer sa loi. Personne ne semblait plus vouloir prendre l'initiative, trop heureux de s'accorder quelques moments de répit.


C'est ce moment que je choisis pour placer un violent démarrage. Sans me retourner, à mi-bosse j'attaquai comme un possédé. Le nez dans le guidon, arc-bouté au possible je tentai mon va-tout. Mon corps et ma machine ne faisant plus qu'un, unis dans le même effort, dans la même souffrance, j’attaquais.


Au trois-quarts de la pente j'avais fait le trou.


Le plus dur restait à faire. L'effet de surprise passé, il fallait encore augmenter la distance avec mes adversaires. Je serrai encore davantage les mâchoires si c'était possible. Tous les muscles de mon corps me crièrent leur douleur, mais animé par une frénésie démoniaque j'appuyais encore et encore plus fort sur les pédales. Je devais vaincre la douleur, me surpasser, me dépasser, atteindre ce maximum si proche du néant.


Bien vite j'en franchis la barrière et je pénétrai dans un autre monde ; de l'autre côté du miroir. Je n'avais plus la notion de mon corps mais pédalais toujours et toujours comme un forcené. Un mécanisme que je ne contrôlais plus était enclenché et j'en subissais maintenant, atrocement le mouvement.


De cet autre monde je ne garderai qu'un seul souvenir : celui d'une terrible douleur.


Le rêve ferait le reste. Seul le rêve, longtemps après la course pourrait me ramener en haut de cette bosse et me rappeler que j'étais alors loin de l'arrivée.


Bien que je m'attache à vivre pleinement chaque seconde de la vie, je dois admettre que ce moment vécu dans la souffrance dépasse la pleine prise de conscience immédiate et je m'accorde de le vivre à posteriori.


C'est le prix de ma passion.


Plus tard, je me souviendrai que dans une sorte de brouillard épais, nous roulions désormais à huit.


Après avoir tenté l'espace d'un instant de nous déchirer, nous tentions maintenant de nous épauler mutuellement pour emmener l’échappée au bout.


Son organisation n'était pas un modèle du genre, entre ceux qui ne prenaient pas les relais, ceux qui les prenaient trop forts et ceux qui attaquaient à tout bout de champ pour plafonner à cinquante mètres.


Heureusement, nous étions plusieurs à avoir des équipiers pour bloquer la course à l’arrière.


Quoiqu’il en soit, chacun arrivait tant bien que mal à prendre des relais et l’échappée prenait corps.


Nous pédalions tous les huit pour un bouquet, espérant tous l'atteindre seul.


A deux tours de l'arrivée, quand le peloton résigné accusait une minute et demie de retard, je savais que c'était gagné.


Gagné, mais pour qui? Certes la ligne d'arrivée n'était plus très loin mais je ne l'avais pas franchie.


Devais-je à nouveau tout recommencer à zéro, tenter une nouvelle attaque ?

Devais-je encore m'infliger cette atroce douleur ressentie à mi-course pour espérer arriver seul en vainqueur. A cet instant, mon corps et pire, mon cerveau, refusaient de l'envisager.


J’étais cuit.


Je devais absolument me refaire une santé, et vite, si je ne voulais pas terminer huitième et dernier de l’échappée.


Je dois avouer qu'à ce moment de la course je n’étais pas en état de faire mieux.


Plus qu'un tour. Un tour pour essayer de faire mieux que huit.


Dernière ascension de la bosse du Chêne et comme c'était prévisible, attaque.

Notre groupe explosait. J'étais scotché en dernière position et j'entrevoyais à travers le peu de lucidité qui me restait, deux groupes de deux coureurs qui s'en allaient.


Nous réussîmes à revenir sur les deux coureurs qui nous devançaient, juste au bas du faux plat qui précédait la grande descente.


Il en restait encore deux devant.


Notre groupe explosait à nouveau dans la montée du faux plat.


Au début de la descente, à deux kilomètres de la ligne d'arrivée, je me retrouvai en cinquième position.


La descente s'effectua à très vive allure.


Nous revînmes à cent mètres des deux coureurs de tête, juste en bas de la bosse d'arrivée.


Que s'est-il passé alors?


Je me souviens avoir abordé le début de la bosse, à quatre cents mètres de la ligne, toujours en cinquième position.


Je me souviens avoir sprinté et être revenu seul à une trentaine de mètres des deux échappés.


Je me souviens très bien, avoir pensé qu'ils donnaient l’impression de plafonner.


J'avais fait l'effort pour revenir sur eux, facilement, trop facilement.


Je ne pouvais pas en rester là.


J’ai sprinté de nouveau et je les ai doublés comme un avion.


J'ai donné tout ce qui me restait, face à l’espace maintenant dégagé.


Imaginez une ligne blanche dessinée au bout d’une ligne droite semblant s’étendre jusqu’à l’infini, mais dont vous vous approchez à une vitesse vertigineuse


J’étais en pleine confiance, de cette confiance qui rend irrésistible.


J’atteignis alors un niveau d’exaltation cérébrale et un degré de libération de puissance extrême tels, que mon corps enregistra à vie cette sensation transcendante de bien-être.


Je me revois à cinquante mètres de la ligne, tout à la violence de mon effort, dans un état second, si pleinement euphorique.


Je savais que personne ne pouvait plus s'intercaler dans cet espace sublime qui m'appartenait.


Personne ne pouvait plus me voler la victoire.


C’était en 2002 à Chateaumeillant.


Jean-Jacques MORICE -webmaster de VÉLO18-